Le Cloître de la cathédrale Saint Front
Symbolique des cloîtres
Le cloître recouvre à la fois une réalité architecturale, matérielle et un idéal de vie religieuse, de spiritualité chrétienne. Dans le cloître, l’âme est en relation privilégiée avec Dieu. Il préfigure ce carré mystique, fragment de paradis, espace de méditation et de recueillement où l’homme s’élève, par la prière, jusqu’au divin.
Le cloître a quatre galeries, qui sont l’allégorie du rejet de soi-même (ouest), du rejet du monde (nord), de l’amour du prochain (sud) et de l’amour de Dieu (est). Chaque côté a sa rangée de colonnes ; la base de toutes les colonnes est la patience.
Le Nord est le lieu des ténèbres, de l’enfer. De là on va vers la lumière, la résurrection.
L’Est est le lieu où le soleil se lève ; on adhère à la foi. En partie supérieure se trouvaient les logements des chanoines. C’est par là qu’ils accédaient à l’église.
Le Sud est la vie, la résurrection. On inhume au sud pour attendre le banquet éternel. Derrière se trouvait le réfectoire.
La galerie Ouest est le rejet de soi. On exerce la charité aux autres, grâce aux greniers et aux réserves qui y sont accolés.
Autrefois les moines ne pénétraient pas dans le jardin, considéré comme une image du paradis. Les galeries étaient le lieu de la lecture et d’enseignement.
Historique et évolution
L’église latine a été consacrée en 1047 et les moines bâtisseurs ont accolé à l’édifice le cloître primitif.
Il subira quelques remaniements au cours de la construction de l’église à coupoles achevée en 1173.
Aux XIVème et XVème siècles, les voûtes et arcades des galeries Sud et Ouest seront traitées dans le style gothique.
Après la révolution, l’évêché, accolé à la galerie ouest du cloître, abrita un moment le sous-préfet de Périgueux. Puis la ville de Périgueux occupa les lieux en 1817.
En 1822, l’évêque, Mgr de Lostanges revînt dans son palais épiscopal. En 1824, les appartements se trouvant juste au dessus du cloître, il en fait murer les arcatures et combler de terre l’impluvium pour créer un jardin au niveau des appartements. Il fut déblayé en 1884.
De 1898 à 1907, l’architecte Boeswillwald restaure le cloître en démolissant, malheureusement, les bâtiments conventuels et l’évêché.
De 1928 à 1929, Henri Rapine, architecte des bâtiments de France, achèvera la restauration du cloître avec le remontage complet de la salle capitulaire dans une architecture néo-romane. La charpente sera réalisée en béton armé recouvert avec des tuiles canal.
De 2001 à 2003 l’architecte Oudin a entrepris le nettoyage et la réparation des voûtes et des murs des quatre galeries. L’application d’un badigeon coloré a redonné toute la lumière primitive au cloître. Un nouvel éclairage à partir de spots directionnels fixés au sol a été installé.
En 2014 l’architecte Dodeman a procédé au nettoyage des galeries et à la refonte complète de l’impluvium.
C’est dans cette galerie qu’on trouve principalement les croix de consécration provenant de matériaux de réemploi de l’ancienne église. La troisième colonne en partant du Nord est en marbre. C’est devant celle-ci que l’évêque ou l’abbé lavait les pieds des chanoines le Jeudi Saint.
A la jonction des galeries Nord et Est se trouve la porte qui était le passage monastique reliant l’église aux bâtiments claustraux. Maintenant c’est la porte qui donne accès au cloître, par la chapelle de « l’Ange gardien » où se situe l’accueil.
Sur la deuxième nervure en partant de l’Est, on distingue quelques restes de sculpture représentant les 5 vierges folles et les 5 vierges sages. La première clef de voûte représente la crucifixion avec Marie et Jean dans la douleur.